Quand et comment débourrer un jeune cheval

Une entrevue avec l’entraîneur allemand Uwe Schwanz

Le débourrage d’un cheval exige de la compétence et du savoir-faire. Être un bon cavalier n’est pas assez, dit l’entraîneur allemand de Grand Prix Uwe Schwanz qui, a entre d’autre formé l’équipe de dressage de l’Argentine pour les Jeux Pan Américain et qui est l’entraîneur de plusieurs cavaliers et membres d’équipes nationales en sauts d’obstacles et en dressage. Notre correspondante allemande, Tess Crebbin, qui a précédemment interviewé Uwe Schwanz au sujet des méthodes d’entrainement dans un article largement lu et traduit en plusieurs langues, a dernièrement revisité son écurie pour découvrir la manière dont il débourre les jeunes chevaux.

Q : M. Schwanz, vous êtes l’un des entraîneurs les plus reconnu d’Allemagne en dressage et en sauts d’obstacles. Vous êtes entre autre connu en tant qu’un des principal et meilleur cavalier de jeunes chevaux en concours. Pourriez-vous nous dire quel est l’âge approprié pour débourrer un jeune cheval ?

US : Entre 3.5 et 4 ans en général. Les chevaux warmblood particulièrement, prennent un bon moment à se développer, et il est important de donner au jeune cheval le temps de mûrir et de développer sa structure osseuse avant de le monter. Le cheval doit également être prêt mentalement. Si vous commencez trop tôt, vous pouvez causer des dommages au niveau physique et psychologique, ayant pour résultat un cheval qui est tendu au lieu d’être disposé, et qui peut plus tard avoir toutes sortes de problèmes et blessures en raison de la faible ossature qu’il avait au moment du débourrage. Si vous voulez un cheval qui sera facile à monter et qui travaillera pour vous pour les années à venir, vous devez attendre et lui donner le temps de se développer.

Q : Cependant, y a t-il des exceptions à cette règle?

US : Oui, comme il y en a pour chaque règle. Cela dépend de chaque cheval et de son développement physique et mental. Quelques chevaux mûrissent plus vite que d’autres. Les étalons peuvent généralement être montés un peu plus tôt. Pour les championnats de jeunes chevaux que nous avons en Allemagne, les chevaux ont 3 ans, mais dans ce cas, nous faisons très attention de ne pas trop exiger d’eux.

Q : Pouvez-vous nous décrire comment vous débourrez un jeune cheval, point par point?

US : Le cheval est rentré du champ à trois ans et demi, ou, dans certains cas, à 3 ans (voir les exceptions). Avant cela, nous les laissons complètement à eux-mêmes. Aucun travail à la longe, aucunes manipulations autres que celles de base, telles le tenir en laisse, le brosser, lui demander les pieds. Et naturellement, aucun saut en liberté pour voir « jusqu’à quelle hauteur il peut sauter ». Le cheval aura passé ses 3 premières années dans le champ avec d’autres de son âge à partir de l’âge de 6 mois, et avant avec sa mère. Quand il entre, il est vert.

Q : Et puis ?

US : Nous commençons par l’habituer lentement et graduellement à la bride. Le mors est mis et le cheval est alors longé pendant quelques jours, apprend à réagir aux commandes de la voix et à respecter la traction sur le mors. Et nous ne le faisons pas longtemps. 10-15 minutes sont suffisantes pour commencer. Nous finissons toujours sur une note positive, en récompensant le cheval pour ce qu’il a fait de bien, afin de lui donner une expérience positive. Le cheval naturellement veut plaire, et il est important de créer des expériences agréables pour le garder intéressé et heureux.

Q : Et que fait-il le reste de la journée ?

US : Nous le remettons dans le champ, ou nous le manipulons autour de l’écurie, juste pour l’habituer à être travaillé par des gens.

Q : Ensuite vous le montez a cru ?

US : Mon dieu non ! Le risque de blessures qui peuvent être occasionné à monter un jeune cheval sans selle est beaucoup trop grand. Je me rends compte que c’est une approche encore utilisée par exemple aux États-Unis. Vous prenez le cheval, lui mettez un licou, le longer un peu, et alors vous mettez quelqu’un sur son dos en espérant le meilleur. C’est un risque pour les deux, autant pour le cheval que le cavalier. Le cavalier, naturellement, parce que si le cheval ru ou se lève, vous pouvez difficilement vous tenir. Pour le cheval parce que la selle a été inventées pour un certain nombre de raisons, l’une d’entre elles est de distribuer le poids de façon équilibré de chaque coté de la colonne et non de le concentrer simplement sur un ou deux points isolés sur le cheval, se qui peut produire des blessures.

Q: Alors que faites-vous ?

US : Après que le cheval s’est habitué au mors et se longe bien, nous lui mettons la selle. Au commencement, la selle est placée sur le cheval et est ensuite enlevée, et le cheval est récompensé. Puis, à la prochaine étape, la sangle est serrée, et le cheval est encore récompensé. Par la suite, nous arrivons à l’étape où nous avons un cheval sellé et bridé sans avoir de résistance. Alors il est temps de longer le cheval avec la selle.

Q : Encore seulement par de courts intervalles?

US : Exact. Et nous commençons par le longer avec la selle mais sans rênes élastiques. Ceci est fait pendant quelques jours. Pendant cette étape, nous pouvons le longer avec les étriers descendus, pour que le cheval s’habitue à avoir quelque chose sur ces flancs, ce qui le prépare pour plus tard aux jambes du cavalier.

Q: Vous mettez ensuite les rênes élastiques ?

US : C’est la prochaine étape. Mais rappelez-vous de les maintenir assez longues. Vous ne devez pas encadrer un jeune cheval trop tôt où vous l’effrayerez et le blesserez en le forçant d’avoir le cou placé avant son temps. Les rênes élastiques sont là pour encadrer le cheval, mais dans un espace généreux. Ils agissent aussi en tant que préparation pour les mains du cavalier, car le cheval apprend à respecter la traction légère sur les deux côtés du mors.

Q : Quand finalement le montez-vous?

US : Comme j’ai dit au début, une des choses les plus importantes à garder à l’esprit, c’est que vous devez prendre votre temps lors du débourrage d’un cheval. C’est seulement de cette façon que vous pourrez avoir un cheval qui respectera et acceptera son cavalier à tout moment, quelque chose qui sera très important en concours. Après quelques jours de longe avec la selle et le mors, encore par de courtes périodes, il est temps de mettre un cavalier sur son dos. Pour ce faire, nous avons trois personnes: le cavalier, quelqu’un pour tenir le cheval lorsque le cavalier monte, et la personne qui longe au centre. Le cavalier est aidé à monter, afin de ne pas produire de pression sur les étriers, puis se couche à travers le dos du cheval. Si le cheval accepte ceci, il est flatté et récompensé. Sinon, on lui parle calmement, mais sans le punir, et nous continuons d’essayer jusqu’à ce qu’il accepte le poids sur son dos. La plupart des chevaux se laisseront faire, si cela est fait aussi soigneusement que décrit précédemment. S’il résiste vraiment, alors il est temps d’appeler le vétérinaire et de vérifier les problèmes physiques qui peuvent être présents.

Q : Combien de temps le cavalier restera t-il couché sur le dos du cheval ?

US : Encore, ceci dépend du cheval, mais généralement pas plus longtemps qu’une minute avant qu’il place soigneusement son autre jambe à travers le dos, et s’assoit normalement. Cependant, un grand soin doit être pris pour ne pas toucher la croupe du cheval, comme ceci peut l’effrayer, et tous les mouvements doivent être faits très calmement.

Q : Ensuite, vous le longez encore ?

US : Oui et ceci devrait maintenant être facile. Nous commençons au pas, pour habituer le cheval à porter le poids du cavalier et à maintenir son équilibre. Les rênes élastiques l’ont préparé au contact avec le mors, que le cavalier maintient maintenant, mais avec les mains très douces. Je ne peux pas souligner assez l’importance des mains douces, pour que le cheval apprenne à réagir à la plus légère traction sur les rênes. Nous commençons par la commande pour le pas et l’arrêt, que le cheval a appris lorsqu’il était longé sans cavalier, et on lui enseigne les commandes en combinant la voix du longueur aux aides douces du cavalier. Cela peut prendre un jour ou deux avant que nous allions au trot, et ensuite au galop. Il est très important avant chaque session de monte de longer le cheval d’abord sans cavalier, pour rafraichir les commandes et pour le préparer à ce qui s’en vient. Le temps avec le cavalier sur le dos est au début maintenu très court, peut-être 15 minutes, et on augmente graduellement, pour ne pas demander trop, trop tôt.

Q : Quand le détachez-vous de la longe ?

US : Une fois que le cheval accepte totalement le cavalier dans chacune des trois allures de base, en le laissant s’étirer (i.e. on ne doit pas lui demander de se rassembler à ce stade), il est alors temps de le laisser travailler dans tout le manège, en suivant un cheval plus âgé afin de le sécuriser. On l’introduit au manège encore de façon graduelle, en allant au pas et du pas au trot et en ajoutant le galop par la suite. Quand ceci fonctionne, ce qui peut prendre encore quelques jours, ou parfois quelques semaines selon le cheval, il est temps de le monter dans tout le manège seul, qu’il se concentre sur le cavalier et ses aides, toujours soutenus au début par des commandes de voix apprises à la longe, et qu’il réagisse par la suite seulement aux aides du cavalier. Mais avant de monter un jeune cheval à ce stage, nous le longeons toujours sans cavalier d’abord, pour lui donner un certain temps pour se débarrasser de l’énergie excessive et pour le préparer à être monté.

Q : Une fois qu’il fait bien cela, être monté dans tout le manège, on le sort à l’extérieur pour une randonnée?

US : Avec un cheval plus âgé comme guide, et habituellement ceci fonctionne très bien. On continu par de courtes périodes, et beaucoup de récompenses. Laissez-le regarder des choses qu’il ne connait pas, utilisez la voix, des caresses et d’autres moyens de renforcement positif.

Q : Ensuite, est-ce le moment de débuter le travail sérieux ?

US : Nous remettons habituellement le cheval à l’extérieur encore pour quelques mois, voir jusqu’à 6 mois, avant de le rentrer à l’écurie et de commencer à le travailler sérieusement lorsqu’il atteint l’âge de 4 ans, ou de 3.5 ans, si le débourrage a été fait à l’âge trois ans, dans le cas d’un cheval qui a murit plus rapidement. Généralement, le principe de base est que, si vous voulez une relation saine et longue, vous devez donner à votre cheval le temps qu’il faut pendant le débourrage, et il vous remerciera par la suite.

Entrevue de Tess Crebbin avec l’entraîneur de Grand Prix Uwe Schwanz

Crédit photo: Maude Béland

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